Un moment historique s’est tenu le 31 mai à la salle Arthur-Fleury. Près de cent élèves de 3ème du collège Gustave-Courbet ont pu rencontrer deux Hibakusha, survivants des bombardements atomiques de 1945 au Japon.
Madame Toshiko Tanaka (85 ans), originaire d’Hirochima et Monsieur Tadayoshi Ogawa (80 ans), originaire de Nagasaki, sont passagers à bord du paquebot L’Ocean Dream (en escale au Havre), affrété par l’ONG japonaise Peace Boat. « Depuis 2008, plus de 170 Hibakusha ont voyagé à travers le monde, accrédité par le Gouvernement japonais, pour délivrer un message de paix et militer pour le désarmement nucléaire », explique Joël Naoki Christoph, membre franco-japonais de Peace Boat.
Deux témoignages poignants
Toshiko Tanaka témoigne : « J’avais 6 ans et je me rendais à l’école primaire lorsque je me suis retrouvée sous le champignon atomique. J’ai été éblouie par des milliers de lumières stroboscopiques, j’ai eu la bouche remplie de poussières croustillantes. J’ai eu de graves brûlures sur le cou, la tête et le bras. Dans les rues, les gens ressemblaient à des zombies. J’ai fui dans la douleur jusqu’à chez moi, mais ma maison était entièrement détruite. Ensuite, j’ai perdu connaissance et subi de fortes fièvres pendant plusieurs jours. »
Âgé seulement d’un an en 1945, Tadayoshi Ogawa n’a pas de souvenir direct mais a toutefois été victime des radiations. Il se rappelle surtout « de la famine et de la misère qui ont suivi pendant plusieurs années en attendant l’aide internationale. Aujourd’hui, je souhaite poursuivre mon métier de témoin jusqu’à l’abolition de l’arme nucléaire. » À l’issue des témoignages poignants des Hibakusha, les collégiens ont pu leurs poser quelques questions sur leurs conditions de survie, sur leurs craintes dans le monde actuel…
« Rien ne peut se faire sans des acteurs politiques engagés. »
Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France, branche française de la Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire, était également présent pour parler des actions menées au quotidien. « Croire que l’arme nucléaire assure une sécurité aux nations, c’est illusoire. Pour changer les choses, rien ne peut se faire sans des acteurs politiques engagés », a-t’il souligné. Membre de l’Association française des Communes, Départements et Régions pour la Paix, la Municipalité gonfrevillaise a notamment signé, en 2019, l’appel mondial des villes en faveur du Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Traité que la France n’a toujours pas signé.
Les Hibakuska ont été accueillis par le maire Alban Bruneau et plusieurs élus du conseil municipal, ainsi que par Jean-Paul Lecoq, député de Seine-Maritime. Ce dernier est actuellement membre d’une commission d’enquête sur la conséquence des essais nucléaires en Polynésie française et en Algérie. « La France a mené près de 200 essais nucléaires, c’est-à-dire qu’elle a fait exploser 200 bombes, avec des effets sur l’environnement et sur les civils et les militaires aux alentours », a rappelé le parlementaire, qui a aussi dénoncé « le coût de l’armement nucléaire en France, soit environ 20 millions d’euros par jour dépensé pour entretenir les armes nucléaires. »
Projet Lest We Forget
En 2009, pour ne jamais oublier, Monsieur Tadayoshi Ogawa a lancé le projet photographique Lest we forget où il invite les gens partout dans le monde a prendre une photo d’une scène de vie, d’un paysage, chaque année le 9 août à 11h02 puis de l’envoyer avec un message d’espoir et de paix au Nagazaki Peace Museum via le mail museum@nagasakips.com